© Leila Alaoui

Je tiens, avant tout, à remercier Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem pour sa confiance qui m’honore, ainsi que le comité éthique de l’Union nationale des femmes du Maroc pour son soutien.

Cette année, c’est par le biais de la photographie que j’ai voulu rendre hommage aux femmes, en les réunissant autour d’un événement, l’exposition « 100 » mais j’aurais pu mettre en avant bien plus que cent femmes. Cet ouvrage n’est donc qu’une humble mise en lumière du parcours de certaines d’entre elles. En revanche, il est bel et bien le reflet de notre présence féminine qui s’affirme davantage chaque année ; même si, nous le savons, le statut et la situation de la femme marocaine restent toujours marqués par une profonde inégalité par rapport au statut de l’homme.

Alors osons nous faire entendre ! Osons nous imposer ! Souvenons-nous. En 2009, je posais enceinte en une du magazine Femmes du Maroc, et ce grâce à Myriam Jebbor qui accepta de relever le défi. Couverture ô combien symbolique et qui restera un moment important de ma vie de femme et de mère. De l’audace, oui il en faut !

Nombreuses sont les femmes dans le monde qui, très tôt, prennent conscience qu’elles vont devoir lutter continuellement pour arracher leurs droits. N’oublions pas ce chiffre alarmant qui a provoqué une onde de choc au Maroc : en un an, plus de 38.000 cas signalés* de violences faites aux femmes. Violences psychologique, physique et sexuelle. Certaines auront le courage de réagir et de dire non ; d’autres n’y parviendront pas. N’oublions pas non plus la vulnérabilité de certaines, je pense aux femmes handicapées, isolées, répudiées, aux mères célibataires et aux femmes détenues. Que dire aussi du mariage des mineures, de la polygamie, de la question de l’héritage ? Sans parler de celle de l’avortement... Nous le savons, pour certaines la route sera longue et ardue. Impossible d’oublier Amina Filali et Khadija Souidi, qui ont vécu l’enfer et ont préféré mettre fin à leurs jours, ou la jeune El Hasnae au destin tragique ainsi que toutes celles pour qui le mot « désespoir » est une réalité.

Mais soyons aussi tous fiers des avancées de notre pays. Depuis l’an 2000, le Maroc s’est engagé dans un processus de transition démocratique qui a permis de mettre en œuvre de grandes réformes sur différents plans : politique, législatif et institutionnel. Et ce, grâce à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Soulignons que le principe d’égalité entre les hommes et les femmes est désormais établi dans la Constitution de 2011 ; plus précisément avec l’article 19. Même si, sur le terrain, le combat est loin d’être gagné...

Je terminerai en ayant une pensée émue pour ces femmes admirables qui nous ont quittés : la pionnière Fatéma Mernissi, l’infatigable Zoulikha Nasri, l’engagée Leila Alaoui (qui en 2011, avait célébré la femme avec une série de magnifiques portraits), et la pugnace Malika Malek. Sans oublier Lalla Aïcha, féministe de la première heure qui prononça en 1947 un discours mémorable qui encourageait la femme marocaine à être scolarisée et à étudier l’arabe et les langues étrangères, pointant par là le rôle essentiel de l’éducation.

Nadia Larguet

* Cas recensés en 2014 par l’Observatoire marocain des violences faites aux femmes

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