Journaliste
« Ma définition du
bonheur ? Un bon film ! », réplique malicieusement Aïcha Akalay,
venue au journalisme par son amour immodéré du cinéma : « Je revivais
les films au travers de ma plume ». Le visage, juvénile, de la directrice de
publication et de rédaction de l’hebdomadaire TelQuel a de quoi surprendre
ses interlocuteurs mais très vite se révèle la femme de poigne. Une nécessité
pour réussir à gérer les équipes et entretenir la flamme du journalisme, alors
même que la conjoncture menace jusqu’à l’existence de certains médias. On la
dit exigeante et sévère. « J’assume ! », répond avec aplomb cette
maman d’une petite Yamna. Avant d’occuper son poste actuel, Aïcha Akalay a su
propulser le site Web du magazine parmi les premiers sites marocains
francophones d’information : « Nous
avons fonctionné comme une start-up, avec une équipe réduite ». Forte de ce
succès d’audience, dont elle peut être fière dans un milieu ultraconcurrentiel,
elle est invitée, en 2015, à piloter la version papier de TelQuel mise à mal
par la révolution numérique. « Nous avons fait fusionner les deux
rédactions, papier et Web, en une seule de vingt personnes », explique-t-elle. Consciente
de l’importance grandissante des réseaux sociaux, elle a décidé de compléter sa
formation par un master en journalisme numérique. La réussite de cette
directrice de presse tient aussi à son parcours. Titulaire d’un master en
entrepreneuriat, Aïcha Akalay a démarré sa carrière en 2009, à Casablanca,
d’abord à L’Économiste puis à TelQuel. « Durant mes premières
années de journalisme, j’ai appris à découvrir le pays et les gens »,
souligne-t-elle. Sa première enquête d’envergure sur les musulmans convertis au
christianisme, réalisée en 2010 avec le journaliste Hassan Hamdani, lui vaut le
prix francophone de la liberté de la presse remis par RFI, Reporters sans
frontières et l’Organisation internationale de la francophonie.