Présidente d’association
Amina Laraki refuse
qu’on la qualifie de femme « extraordinaire » : « Je suis une femme comme les
autres. Ma force, c’est de m’être adaptée. » Un amour puissant de la vie lui a
permis de surmonter le traumatisme d’un accident de vélo. En 1992, une chute
d’un pont, au Costa Rica, la rend paraplégique. Aujourd’hui, l’une de ses plus
belles victoires est d’incarner le combat contre le handicap et contre les
inégalités à travers son engagement au sein du Groupe AMH, anciennement
l’Amicale marocaine des handicapés, leader dans l’entrepreneuriat social au
Maroc. Dans la vie, il y a parfois des ruptures structurantes, avec un avant et
un après. Avant : une vie privée et professionnelle où des rencontres heureuses
aident à tracer un parcours sans faille. Une maîtrise de droit, des études en
sciences politiques et la rencontre avec Abdelaziz Alami, « un homme
exceptionnel, patron de banque et poète »
qui lui offre un poste à la Banque commerciale du Maroc. Puis elle crée Imago,
une société de communication où elle met en œuvre des compétences qui se
révèleront utiles après l’accident, car trouver du sens à ses actions deviendra
alors une nécessité. Vingt-quatre ans après, le Groupe AMH, véritable
entreprise sociale qui compte de nombreux bénéficiaires, intervient dans le domaine
de la santé, de l’action sociale, de l’éducation, de la formation et du
plaidoyer. L’année 2015 est celle des récompenses, avec entre autres le prix de
l’Entrepreneur social de l’année remis par la Fondation Schwab. « Agir au sein
du Groupe m’a permis de pressentir les futurs défis sociaux et de proposer des
solutions innovantes. Personnellement, cela m’a donné la possibilité de
surmonter les difficultés et de me connecter aux autres. Mon corps m’oblige à
être dans le présent. » Amina Laraki a également créé, en 2003 avec d’autres
fondateurs, L’Art de vivre, une association qui propose des programmes axés sur
les techniques de respiration et de méditation. Depuis 2013, elle préside
l’Institution Tahar-Sebti, établissement scolaire et de formation. Le fauteuil,
un frein ? « J’aurais préféré vivre sans mais j’en ai fait un allié. Pour
autant, le handicap n’est pas ce qui me définit. »