Femme
Elle a marqué les
esprits avec son premier essai Le Monde arabe au féminin, paru en 1985 chez
L’Harmattan. Avec trente-sept livres à son actif, l’écrivaine est prolifique. À
la question « Pourquoi écrire ? », elle cite Cioran : « Chaque livre est un
suicide différé. » Ghita El Khayat est aussi psychiatre et psychanalyste : «
C’est une addiction. Je pourrais arrêter mais je ne peux pas abandonner ce lien
au patient. Chaque fois qu’on aide une personne, on redonne vie. Tenter de
rattraper les échecs est d’une puissance extraordinaire. » Spécialiste en
médecine du travail et médecine aérospatiale, elle a aussi étudié l’anthropologie
à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Exécrant le mensonge
et l’hypocrisie, luttant contre toute forme d’extrémisme ou de violence, son
franc-parler déroute : « La bonté et l’honnêteté sont les deux seules vraies
valeurs. » Elle porte un regard sans concession sur la société, déplorant
incivilités et laisser-aller : « Aujourd’hui, je suis cet être en colère qui
vit dans une des villes les plus polluées au monde ! » Elle aurait pu décider de rester en France ;
elle est revenue pour sa mère, mais pas seulement : « Il y a entre le Maroc et
moi un rapport fusionnel et physique. » Née à Rabat de parents d’ascendances
andalouses,
elle grandit dans la capitale qu’elle quitte définitivement pour faire son
internat à Casablanca. Elle perd son père très tôt : « Ma mère s’est retrouvée
veuve à trente ans avec sept enfants ! Quand mon père est mort, j’ai changé de
statut social. C’est horrible d’être orphelin dans cette société. » Elle fera
de la radio, de la télé, de la photographie, de la peinture et se passionne
pour le cinéma et la musique. « J’ai une vie sociale très restreinte », confie
Ghita El Khayat qui n’aime pas les dates : « Tous les jours et les faits sont
importants, sans découper le temps. » En 2007, elle a reçu, entre autres
récompenses, le prix Maiori pour la Paix en reconnaissance de ses écrits.