Directrice de chaîne de télévision
Ouvreuse dans une salle de
cinéma à Rabat dans sa jeunesse, femme de chambre dans un palace de Neuilly,
docteure de l’université de la Sorbonne, professeure agrégée de lettres
modernes, journaliste et directrice d’une chaîne éducative au Maroc : Maria
Latifi a travaillé dans tous les domaines. « Je suis une femme née sous le
signe du travail », aime-t-elle à répéter. Formée à l’école de l’humilité et de
la volonté, elle a étudié et, en parallèle, gagné sa vie : « Je n’avais pas les
moyens, je me les suis donnés. » Mais cette amoureuse de littérature n’a rien
d’une besogneuse. Si elle se ressource dans le silence ou lors de marches
quotidiennes, cette boulimique de l’action a fait de la recommandation de son
père un mantra : « Vous serez ce que vous voulez être si vous faites ce qu’il
faut pour le devenir. » À la mort de celui-ci en 1979, première grande douleur
de sa vie, elle prend en charge une famille de dix frères et sœurs : « La
notion du devoir me définissait. » Après de brillantes études en France, elle
revient au Maroc, pays de son « ancrage identitaire » et où elle veut être
utile. Son champ d’intervention : la culture. Une passion qui lui vient de son
passé, lorsqu’elle aidait son père projectionniste au cinéma de l’Agdal : «
J’ai eu une enfance et une adolescence extraordinaires. Je chéris ces périodes.
Ma vie s’organisait entre le cinéma, la bibliothèque de La Source à Rabat et
les activités à l’église du Père Garcia qui nous a appris à aimer les livres. »
En 2005, elle est nommée directrice d’Attakafia, la chaîne à vocations
éducative et culturelle de la Société nationale de radiodiffusion et de
télévision. Si l’image est sa passion, elle n’est pas exclusive : « Je suis
très fidèle en amour comme en amitié. » Maria Latifi se remémore souvent avec
intensité les souvenirs partagés avec les êtres chers qui ne sont plus : « La
mort de ma mère a été très dure à vivre, nous avions une relation fusionnelle.
Nous portons en nous nos disparus. »