Présidente d’association
« Je vis de mes rêves. À chaque étape de ma vie, j’en ai un. Celui que
j’ai en ce moment, c’est d’ouvrir d’un établissement mixte pour orphelins et
personnes âgées, avec un jardin où ils pourront se rencontrer », confie Nadia
Bezad, médecin et figure énergique du combat contre le sida au Maroc. Soulager
la douleur donne sens à son existence. Aider les autres est son moteur car,
pour elle, « chaque jour est une petite vie ». Après ses études, elle devient
dermatologue : « Une lésion cutanée peut trahir autant un mal organique que
psychologique. L’écoute est essentielle dans la prise en charge du malade.
C’est cette dimension qui m’intéresse. » De sa mère directrice d’école, elle
n’héritera pas seulement le goût des études et de la persévérance mais aussi la
fibre humanitaire. Sa rencontre avec le docteur Othman Akalay est déterminante
et influence son choix de se consacrer à la lutte contre le sida, pandémie qui
menace alors le monde. Lors d’un stage aux États-Unis, elle est bouleversée par
le témoignage d’une adolescente infectée par le virus. Encouragée par le
docteur Marc Gentilini qui a fondé l’Organisation panafricaine de lutte contre
le sida, elle fonde Opals Maroc. La Princesse Lalla Fatima-Zahra, aujourd’hui
décédée, appuie sa démarche. Cet engagement associatif la propulse dans une
autre dimension. Elle conçoit des plans d’action, tranche des décisions,
consulte et voyage. Opals Maroc s’ouvre également aux personnes d’origine subsaharienne grâce à une convention
signée avec le Haut-Commissariat des Nations
unies pour les réfugiés. En 2012, la mort de son frère provoque un choc
douloureux : « Je ne vois plus la vie comme avant. Il aurait tellement aimé
vivre encore plein de choses. C’est ce qui me donne envie de continuer. Je suis
sur Terre, que puis-je faire encore de bien ? » Nadia Bezad a reçu l’insigne de
chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, à Paris, en 2015.