Professeure universitaire
« Je suis fier de toi
», aime à répéter Ayden à sa grand-mère. A-t-il déjà compris que le parcours de
sa « jeune mamie » suscitait non seulement l’admiration de sa famille mais
aussi de son pays ? Rajaâ Cherkaoui El Moursli a reçu, en 2015, le prix
L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science. « La vie est une suite
d’accidents », souligne la physicienne. Le hasard serait-il la clé de voûte de sa carrière ? Elle
n’imaginait pas, en effet, qu’en allant s’inscrire à une école d’architecture
en France elle y entamerait une carrière en physique nucléaire ! Très tôt, le
travail a été au centre de sa vie : « “Soyez indépendantes” nous répétait mon
père, à mes sœurs et à moi. C’était un visionnaire qui a su évoluer avec son
temps », explique Rajaâ Cherkaoui El Moursli. De son adolescence, studieuse,
elle garde des souvenirs heureux, « particulièrement les vacances à Shoul, la
propriété de mon grand-père, pacha de Salé ». Après son bac, elle part à
Grenoble où, compte tenu de son excellent dossier, l’université lui conseille
de suivre un cursus de maths-physique. Se découvrant un grand intérêt pour
cette dernière matière, elle poursuit avec une licence puis une thèse en
physique. Cette scientifique a contribué à la création du premier master de
physique médicale à l’université Mohammed V de Rabat et a permis à cette
institution de prendre part à de grandes collaborations scientifiques
internationales. En 2013, elle en devient la vice-présidente et, en 2015, est
nommée membre-résident de l’Académie Hassan II des sciences et techniques. Son mari est un soutien sans
faille pour elle qui travaille énormément : « Plus j’étudie, plus j’apprends et
plus je sens que la connaissance est sans limites. » Son ablation du rein, en
2006, ne l’arrête pas : « Le mental a un impact immense sur le physique. » Une
philosophie qu’elle transmet avec conviction à son auditoire : « Un enseignant
ne fait pas qu’enseigner, il doit aider ses étudiants à exploiter leurs
capacités. »