Comédienne
« L’événement le plus marquant de ma vie a été ma nomination en tant
que ministre de la Culture par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en octobre 2007
», reconnaît la comédienne qui a inspiré à des cinéastes, écrivains et
critiques des textes pleins de ferveur sur l’intensité, la sensibilité et
l’intelligence de son interprétation. Le poète Mostafa Nissaboury évoque
« une artiste en état de grâce ». Le jeu, l’expression, la diction et
la gestuelle de Touria Kraytif Jabrane émeuvent et captivent. Elle ne joue pas
; elle est le personnage. « Le théâtre, c’est ma vie », déclare celle
que tout le monde connaît sous le nom de Touria Jabrane, un patronyme
indiscutablement lié au théâtre même si la comédienne s’est aussi illustrée au
cinéma comme à la télévision, avec toujours la même sincérité dans le jeu. En
1984, elle obtient le prix de la meilleure comédienne au Festival arabe de
Bagdad. Également honorée au Maroc, le roi Hassan II lui a remis le Wissam
du Mérite national et Sa Majesté le Roi Mohammed VI le Wissam
chevalier du Mérite national. En 2011, elle est décorée par la France de
l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur. Enfant, Touria Kraytif
Jabrane, née à Casablanca, rêvait d’être artiste de cirque. « J’ai été
soutenue vaillamment par mes frères », se souvient-elle. En 1967, sa première
apparition dans une pièce interprétée dans le cadre du Festival de la
jeunesse et des sports est un triomphe. Elle s’inscrit au Conservatoire
national d’art dramatique de Rabat. De Shakespeare à Mohamed Al-Maghout, de
Bertolt Brecht à Abdellatif Laâbi, elle se confronte à tous les textes, leur
donne son souffle et son feu. Elle a joué dans l’un des plus prestigieux
théâtres au monde, le Royal Albert Hall à Londres, avec la Troupe des
comédiens arabes. Elle a fondé et préside la compagnie Le Théâtre d’aujourd’hui.
Mais parmi tous les rôles qu’elle a incarnés, il en est deux dont elle ne se
défait jamais, celui d’épouse
et celui de mère de deux filles.