Chauffeur de taxi
À Casablanca, Amina
Agourame est la star du taxi rouge. Il y a vingt ans, elle devient la première
femme conductrice d’un petit taxi au Maroc : « Je n’ai pas choisi le taxi,
c’est le taxi qui m’a choisie. » Et pour cause. Cette mère de deux enfants
s’est retrouvée totalement démunie, du jour au lendemain, après son divorce.
Elle tente alors sa chance et postule pour un permis de confiance à la
préfecture. Un an plus tard, elle reçoit une lettre l’autorisant à passer le
concours pour l’obtention du permis. « Je suis allée voir de nombreux
chauffeurs de taxi pour qu’ils m’aident à préparer l’examen. J’ai essuyé des
refus catégoriques », raconte-t-elle. C’est sa fille qui lui souffle alors
l’idée de se procurer un grand plan de la capitale économique. Amina Agourame
passe plusieurs heures à mémoriser l’emplacement des grands ronds-points, des
hôtels, des hôpitaux, des polycliniques, des tribunaux… « On a été trente-sept
à passer l’examen. J’ai fait partie des huit candidats retenus. J’étais la
seule femme du groupe ! » Les débuts ont été difficiles mais, fort
heureusement, les clients ont été ses plus grands alliés. Elle a également
appris à se débrouiller en maîtrisant les règles basiques de mécanique et
d’électricité : « J’encourage les femmes à travailler. C’est tout simplement la
clé de leur indépendance et de leur dignité. »