Latefa AHRRARE

Latefa AHRRARE

Comédienne - Metteur en scène

Elle impressionne par son aplomb et son courage. Quand elle apparaît sur scène en maillot de bain dans la pièce Capharnaüm en 2010, elle suscite l’indignation virulente de certains. Latefa Ahrrare n’a pas peur. Son corps est son instrument, celui avec lequel elle affirme sa liberté : « Cette pièce, je l’ai faite en hommage à mon père décédé en 2009, une profonde blessure qui ne se referme pas. » La comédienne ne craint pas non plus les mots : « J’aime ma spontanéité. Elle me surprend moi-même ! Entre moi et moi, il y a la phrase. » Au fil des ans, les différentes activités de cette femme volontaire n’ont cessé de se nourrir les unes les autres. Il y a la comédienne, la metteur en scène, l’enseignante… « Tout cela ne révèle-t-il pas un désir de vaincre la mort ? », s’interroge-t-elle. Née à Meknès de parents amazighs, Latefa Ahrrare grandit dans plusieurs villes, Fès, Tan-Tan, Oujda, Guercif : « Mon père était militaire. À chaque nouvelle nomination, on me déracinait », confie-t-elle. Adolescente, elle veut devenir célèbre : « Je me disais que je ne serai pas un simple numéro d’immatriculation, comme c’est le cas pour les soldats. » En 1990, alors qu’elle n’a que seize ans, on lui propose de jouer le rôle d’une fille gâtée dans Bent Lafchouch d’Abdelatif Ayachi. Elle vient de trouver sa voie : « Pour jouer, il faut l’amour de soi-même et celui des autres. » Son diplôme de comédienne en poche, elle enchaîne films et créations théâtrales. Daoud Aoulad-Syad, Tony Gatlif, Raouf Sebbahi, Daniel Gervais ou encore Hicham Lasri la font jouer dans leurs films. Elle met en scène les auteurs qu’elle aime, Tennessee Williams, Fassbinder, Harold Pinter, Mahmoud Darwich et crée des projets citoyens comme le « Container Art » pour la « démocratisation de la culture ». Elle a en projet la réalisation d’un premier documentaire, « un moyen de retrouver la dynamique des origines. » 

Yasmine BELMAHI

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